Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/327

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part d’avoir paru légiférer pour tout le territoire, alors qu’elle avait son pouvoir circonscrit dans les limites du département de la Seine ? Encore ne possédait-elle pas ce territoire, déjà restreint, dans son intégrité : les troupes versaillaises et les troupes allemandes ne laissaient à sa juridiction, en dehors de la ville, qu’une portion du département qui l’enveloppe. C’est discutable.

LA COMMUNE DEVAIT-ELLE LÉGIFÉRER POUR TOUTE LA FRANCE ?

Pour qui se représente l’équivoque suggérée par le terme même de Commune, rendre des décrets généraux, susceptibles d’être exécutés dans toute la France, cela peut passer pour un acte de haute politique, d’une prévision clairvoyante et louable. La Commune allait au devant de l’objection qu’on lui fit, qu’on a reproduite après sa chute, qu’elle voulait rompre l’unité de la France, qu’elle renonçait au principe qui avait sauvé la Révolution française et fondé l’État moderne : la République Une et Indivisible.

Trois groupes, trois forces principales, constituaient l’assemblée communale. Il y avait le groupe le plus faible, le moins agissant, tout hanté de chimères cosmopolites et pacifiques, ne poursuivant guère que des réformes alors prématurées, c’était le groupe socialiste, celui des internationaux, dont les têtes étaient Malon, Frankel, Lefrançais. À leurs yeux la république communaliste devait laisser à chaque commune son autonomie complète, le lien vague d’une fédération générale relierait seulement toutes ces républiques locales et indépendantes.

Il y avait ensuite le groupe des anciens républicains de 48 comme Félix Pyat, Miot, renforçant celui des révolution-