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foule considérable s’était portée sur le passage du convoi parti de l’état-major de la place Vendôme et ayant suivi la ligne des grands boulevards. Un doux philosophe, un écrivain en partie oublié, ne pouvait prétendre à une telle assistance. Comme l’écrivit un journal rendant compte des obsèques : « le moment n’est pas aux cérémonies funèbres isolées. Chaque jour défilent des convois emportant dix ou quinze combattants tués aux avant-postes ». La grande solennité funéraire du jeudi était bien récente, et paraissait avoir absorbé l’émotion et la curiosité.

Pierre Leroux s’en alla donc presque seul à sa demeure dernière. Babick salua le mort au nom de la Commune de Paris. Parmi les rares assistants on remarqua une vieille dame émue : c’était George Sand, qui avait tenu à rendre ce dernier devoir à celui qu’elle avait aimé, et dont elle s’était un temps proclamée disciple.

SÉANCES INSIGNIFIANTES DE L’ASSEMBLÉE

L’Assemblée nationale tint, pendant la première quinzaine d’avril, des séances généralement insignifiantes. M. Thiers était monté à la tribune, le 3 et le 4, pour donner rapidement l’exposé des faits militaires accomplis. Il fit connaître que la redoute de Châtillon avait été reprise sans qu’il eût été nécessaire d’employer la grosse artillerie.

Un député de la droite, M. Jules Brame, qui ne se sentait sans doute pas suffisamment rassuré par les nouvelles des succès remportés, dit : « Je suis convaincu que toutes les dispositions ont été prises pour que l’agglomération des troupes qui est ici soit entourée de tous les soins possibles, et je suis assuré que l’Assemblée s’associera à ma demande. » Il conclut en proposant à l’Assemblée de se porter au devant des troupes, pour leur dire combien les députés étaient heureux et satisfaits de leur conduite.