Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/357

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zèle et d’ardeur qu’on aurait dû se douter qu’il besognait pour son compte. Lui aussi avait à cœur de purger Paris de ses révolutionnaires. Il voulait ramener le Roi, à son défaut l’Empereur, peut-être même s’établir lui-même sous le titre de Lieutenant général, de Protecteur du genre d’un stathouder, dans une capitale assagie et, par la saignée copieuse, désormais à l’abri des fièvres rebelles. Il fit montre, dans l’œuvre d’extermination qu’on lui avait confiée, d’une exagération qui dépassa les prévisions sanguinaires de M. Thiers, qui dut même surprendre le vainqueur de la Commune. M. Thiers ne s’attendait pas à être si bien compris, si admirablement servi.

L’ARMÉE DE VERSAILLES ET L’ALLEMAGNE

La nomination du maréchal Mac-Mahon eut lieu au moment où les naïfs entrepreneurs de conciliation envoyaient à M. Thiers des députations animées des meilleures intentions, enflammées des plus chimériques désirs. On trouvera plus loin l’exposé de ces démarches, sincères peut-être-mais vaines assurément. En écoutant distraitement les ambassadeurs de la paix, M. Thiers ne songeait qu’à ses préparatifs de guerre. Il repassait dans sa tête, avec satisfaction, les totaux des contingents dont il disposerait désormais. Il ne se préoccupait que de l’emploi qu’il devait faire de ses effectifs renforcés.

Il faut d’abord constater un fait important : si M. Thiers a résisté énergiquement à toutes les démarches, à toutes les tentatives qui furent faites, non seulement par des groupes, par des comités et des personnalités notoires de Paris, mais aussi par d’importantes délégations de corps élus de la province, c’est qu’il pouvait mettre en ligne une armée très forte, avec laquelle il devait inévitablement prendre