Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble, si on avait, dès les premiers jours, prévu une bataille dans Paris. Mais, dans ce cas, il fallait armer des barricades aux positions bien choisies, construites solidement, aménagées avec tranchées et sacs à terre, de façon à soutenir une longue et terrible lutte dans les rues. Mais, comme nous l’avons dit, comme on le verra par la suite, on ne prit aucune précaution de ce genre. On se contenta de conserver jalousement les canons comme un ornement de quartier, presque comme des monuments dont le voisinage est fier. Quelques-unes de ces pièces, à Montmartre, aux Buttes-Chaumont, à la place d’Italie, et sur la Butte aux Cailles, tirèrent lors de l’entrée des troupes, mais dans son ensemble l’artillerie servit peu, en dehors des pièces armant les forts, les tranchées et les bastions.

Il n’y eut que 320 pièces mises en service sur les 1,740 que la Commune avait à sa disposition ! La majorité de ces pièces étaient du calibre 7, se chargeant par la culasse, On dut fabriquer des gargousses en grande quantité, l’approvisionnement étant insuffisant. Les pièces de 12 étaient nombreuses, mais furent peu employées. Un comité d’artillerie siégeait au ministère de la guerre, en compétition avec le Comité Central. Il ne rendit pas de grands services et augmenta surtout la confusion qui régnait, principalement dans l’emploi du matériel. Sur les remparts, à côté de canons sans affuts, de caissons isolés et de pièces abandonnées, se trouvaient quelques pièces de marine de 24, d’une grande puissance, parmi lesquelles la célèbre Joséphine, qui avait fortement tiré pendant le siège. On laissa inutilisée et inutilisable toute cette grosse artillerie, dont l’emploi pouvait être si précieux.

Les munitions pour la mousqueterie étaient en grande quantité. Pour les chassepots, tabatières, remingtons, carabines Enfield il existait plus de 30 millions de cartouches. Il