Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/393

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aller à Paris. Wolowski voulait sauver plusieurs de ses amis polonais, restés à Paris, et dont la situation deviendrait terrible, si les troupes prenaient la ville. Ils furent en effet presque tous fusillés. Wolowski, n’était pas communard ; correspondant de journaux de son pays, il témoignait au contraire d’une énergique réprobation envers l’insurrection ; il la considérait comme devant nuire à la cause de l’émigration polonaise et aliéner à ses compatriotes les sympathies de la France. M. Ernest Picard, au cours des audiences qu’il lui accorda, dit tout à coup à Wolowski, multipliant les plaidoyers en faveur de ses compatriotes :

Parlons de choses plus sérieuses. Pouvez-vous faire consentir Donbrowski à négocier avec nous, puisqu’il a toute la confiance de li garde nationale ? Qu’il arrête les membres de li Commune, qu’il nous les livre en même temps que les portes de la ville, nous ne marchanderons pas !

Woloswki, interloqué, répondit :

On voit tant de choses invraisemblables que l’on ne s’étonne de rien. Je ne vous ferai donc pas le reproche, monsieur le ministre, de m’avoir fait une aussi injurieuse proposition.

Picard répliqua :

Mais je n’ai pas l’intention de vous offenser !

Wolowski feignit d’accepter la mission d’embauchage que Picard lui proposait. Il reçut du ministre un laissez-passer pour se rendre à Paris. Il en a publié le fac-simile :

Si je tenais à conserver cette pièce, a-t-il dit, c’est que je voulais avoir une preuve, dans le cas où l’on nous aurait calomniés, et prouver que c’était le ministre qui engageait les Polonais à proposer la trahison à leurs compatriotes. Cette circonstance que l’infâme proposition de trahison n’a pas pris naissance parmi les Polonais n’est pas sans importance.

Le lendemain j’allais en effet à Paris. Je vis Dombrowski et je