Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/396

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bleue du premier étage, à l’intérieur, donnant sur la cour d’honneur, et qui avait été celle de Mlle Valentine Haussmann. Là, des membres de la Commune vinrent saluer, dans un suprême hommage, qui était aussi comme une réparation et comme la protestation définitive contre d’injustes soupçons, la dépouille du vaillant défenseur de Paris. Pendant que ses compagnons le transportaient sur une civière, de la barricade à l’hôpital, le moribond, aux yeux emplis de mélancolie, avait murmuré à plusieurs reprises d’une voix presque éteinte, cependant que de sa blessure le sang suintait, teignant le drap et la capote défaite, aux manches pendantes étalée sur ses jambes : « Est-ce qu’on dira encore que j’ai trahi ! » Ce furent encore ses dernières paroles avant d’expirer sur le lit de l’hôpital. Il voulait mettre en doute le soupçon, jusqu’à son souffle suprême. Sa mort suffisait. Les traîtres ne meurent point ainsi.

De l’Hôtel-de-Ville, dans la nuit du mercredi, le corps fut porté au Père-Lachaise. Sur la place de la Bastille, des officiers fédérés s’inclinèrent devant la funèbre civière, et le convoi ne reprit sa route qu’après que quelques-uns de ces braves, dont beaucoup allaient le lendemain être au nombre des morts, fussent venus l’embrasser, lui donnant le dernier adieu. Au Père-Lachaise, par une lourde après-midi orageuse, au sourd fracas du canon, Dombrowski fut descendu dans la fosse. Vermorel, qui devait être bientôt blessé mortellement, prononça un discours impressionnant qui fut comme l’oraison funèbre, non seulement du général tué, mais de la Commune elle-même.

Il est possible, et la vraisemblance de la supposition est grande, que Dombrowski, quelques jours auparavant, ne se voyant plus suffisamment obéi, constatant la défection quotidienne autour de lui, impuissant à réagir