Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/77

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Sauf à l’égard de quelques individualités, comme les assassins de Clément-Thomas et Lecomte, il y aurait indulgence pour tous les égarés. Il ponctuait ces fourberies en congédiant les envoyés départementaux, aux sentiments retournés et ravis de l’accueil, avec cette audacieuse affirmation : « J’ai été proscrit, Messieurs, je ne serai jamais un proscripteur ! » C’était l’équivalent de la déclaration de Trochu : « Le gouverneur de Paris ne capitulera jamais ! » Le général jésuitiquement se promettait de se dérober, le moment venu, en passant la plume à Vinoy pour signer la capitulation. M. Thiers, victorieux, devait aussi transmettre à Mac-Mahon, aux Conseils de Guerre, et à la Commission dite des grâces : le rôle de bourreau et de proscripteur qu’il se défendait d’accepter.

L’interception des dépêches, la suppression des journaux, le défaut de renseignements exacts et l’ignorance de la situation réelle furent pour beaucoup dans l’indécision de la province, au premier moment. Par la suite, le refus des groupes dirigeants et des personnalités notoires des départements d’admettre la révolution faite à Paris succédèrent aux quelques efforts révolutionnaires tentés sur certains points du territoire. Ce désaccord entre Paris et les Départements était fatal, et c’était la conséquence logique de l’état du pays.

DEUX MENTALITÉS, DEUX FRANCES

Jamais il n’y avait eu pareille interruption prolongée de communications, non seulement matérielles, mais morales et sentimentales, entre la capitale et la France.

En 1530, en 1848, la nouvelle de la chute de la monarchie avait été accueillie dans plusieurs cités républicaines avec des transports de joie. Les autres, celles qui conte-