Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/83

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Paris, les républicains des principales villes furent étonnés, les fonctionnaires attendirent inquiets, et la majorité de la population se demanda quelle lubie inattendue agitait ces parisiens-là ! Ils voulaient encore des émeutes, des barricades, des coups de feu, des désordres, des ruines ! Ils trouvaient donc qu’il n’y en avait pas eu assez ? Et puis, que réclamaient-ils, puisqu’on avait la République ? Durant la guerre, les esprits départementaux, dans les camps des mobilisés, dans leurs villes occupées ou s’attendant à l’être, n’avaient pas eu l’échauffement provenant de la stagnation aux remparts, l’énervement des postes, avec la promiscuité des classes, la communauté des espoirs, l’attente fiévreuse d’un succès, l’espoir de la délivrance qui unifiait riches, pauvres, bourgeois, ouvriers, patrons et employés. Tout baraquement alors prenait des aspects de club. Entre deux factions, on discutait, avec les chances du siège et les moyens les plus puissants, et souvent les plus saugrenus, de repousser l’ennemi, les réformes sociales et les conditions à imposer au gouvernement quand on se trouverait, d’une façon ou d’une autre, débarrassés de l’ennemi. Même dans les bataillons des quartiers du centre, les bataillons bourgeois, on admettait qu’il y avait des changements sociaux importants à accomplir, et que le gouvernement républicain devrait se préoccuper de la condition des travailleurs, l’améliorer.

Le Dix-Huit mars à Paris n’eut pas de prime abord le caractère d’un mouvement véritablement socialiste. On en a trouvé la démonstration dans le volume précédent. Le socialisme, avec l’avènement de la Commune, vit seulement plusieurs de ses chefs amenés au pouvoir. La Révolution sociale au Dix-Huit mars et dans les premiers jours qui suivirent, n’était aucunement le but, l’idée des 215 bataillons qui s’étaient fédérés au Waux-Hall. De vagues