Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

proportion avec ces « médaillonnets ». S’il avait eu la juste fierté de son talent, de son passé et de son âge, on ne l’eût point vu à la tête de ce volume du Parnasse. Mais roi débonnaire et indolent, et un peu… populacier de cette jeunesse qui l’appelle Son Maître, il s’est laissé jucher sans résistance sur le sommet de ce Parnasse contemporain, qu’on voudrait parer de son nom.

Tous ces bâtards de la poésie avaient besoin d’un père. Ils l’ont pris pour s’en faire un, mais en réalité ce n’est point M. Théophile Gautier qui devrait être le chef de la troupe imitatrice que voici, c’est plutôt M. Théodore de Banville, et par-dessus tout M. Leconte de Lisle, bien plus fort que M. de Banville, et que j’estime autrement râblé.


Après le médaillonnet de Théophile Gautier, celui de Théodore de Banville :


La poésie de M. Théodore de Banville n’est, en effet, rien de plus qu’une décoction vague, dans un verre de Bohême vide, de la poésie de M. Victor Hugo et d’André Chénier ; non plus de M. Victor Hugo, le grand « genuine », mais de Hugo faisant aussi, hélas ! de la mythologie, de l’archaïsme Renaissance, car il a de ces tristes jours. L’imitation est tellement dans l’air de ce temps sans idées ni cœur, qu’elle monte parfois, comme une mauvaise herbaille, jusqu’au front du génie. Grec pleurant sur Vénus défunte, qu’il appelle « Aphroditè », avec un accent grave sur l’é, pour toute invention, M. de Banville, qui a soutiré à André Chénier son enjambement, et qui en a abusé jusqu’au déhanchement et au déboîtement, m’est plus insupportable qu’un superbe modèle de creux. Sa flûte a plus de sept trous, ou plutôt elle n’en a qu’un seul, dans lequel la flûte disparaît. On a dit de lui, avec une brutalité assez heureuse, qu’il n’était littérairement qu’une « cruche qui se croyait amphore ».


Voici à présent le portrait, assez chargé, du poète qui exerçait la véritable suprématie parmi les Parnassiens :


M. Leconte de Lisle ne se contente pas, lui, de se suspendre, de se balancer éternellement, comme Sarah la Baigneuse, entre