Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même, par la suite, écrit, lorsqu’on parla de lui élever un monument à Charleville, des articles pour rendre hommage à son talent, qui était original, réel et profond. En même temps, je reconnaissais sa ténacité, son énergie d’explorateur, en m’apitoyant sur les souffrances des dernières années de sa vie, et sur sa mort tout à fait lamentable, à l’hôpital de Marseille.

Pour résumer l’histoire d’Arthur Rimbaud, rappelons qu’il quitta ce Paris peu enthousiaste, et qu’avec le dédain et peut-être le découragement qu’il ressentit pour le milieu littéraire inhospitalier, germa dans son cerveau l’idée de changer de climat, d’existence. Déjà il songeait à renoncer à l’art, à la poésie, au rêve, pour les voyages, le commerce et l’action.

Il continua à correspondre avec Paul Verlaine. Celui-ci, comme on le verra par la suite, se décida à venir le retrouver pour faire, de compagnie, des voyages. Une brouille survint, puis se produisit l’accident du coup de pistolet, et enfin la séparation définitive, éternelle, des deux amis. Ils ne se sont jamais retrouvés depuis la tragique journée de juillet 1873.

Rimbaud, rentré chez sa mère, soigné et gâté, écrivit, dans le calme de la propriété des Roches, près de Charleville, son bizarre et vigoureux ouvrage : Une Saison en Enfer. Il fit imprimer ce petit livre à Bruxelles, puis, à peine le volume fut-il sorti des presses, qu’il le jeta au feu. Quelques exemplaires seulement furent sauvés.

L’exagération de la vision extérieure, la coloration à faux des impressions, le mélange de l’irréel et du vrai, la mise en scène de la personnalité grandie, grossie, fardée, qui furent la caractéristique d’Arthur Rimbaud, bien plus qu’en ses poésies, souvent ironiques, carica-