Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/336

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pas malade en mer. Je compte bien être avant cinq jours en la Fog’s City [Cité des Brouillards].

Quant au pays de la soupe, de la pomme sautée, des serpents [sergents de ville] et des beaux-papas, j’ai dit Paris, j’y retournerai peut-être vers l’automne, une fois l’anglais bien su. Mais je voudrais être sûr de ne pas être embêté par les susdits serpents.

Tout ce que l’on peut m’en vouloir, c’est après mon séjour à l’Hôtel de Ville, dans mon emploi, d’avoir fait, à Londres, partie d’un cercle appelé des Études Sociales, fondé par Lissagaray, et composé des gens à redingotes de la Commune. Cercle parfaitement inoffensif, et où toute ma participation a été le three shillings by month [3  fr. 75 par mois] exigés. Il est vrai que, pour en faire partie, j’ai eu la recommandation d’Andrieu, que je connaissais bien avant la politique, en qualité de collègue à l’Hôtel-de-Ville, et d’ami de Valade et Mérat. Puis, c’est vrai, j’ai vu Vermersch. Mais je le connaissais du temps que Coppée n’était pas un grand homme, à l’époque du Hanneton et du café de Suède. Tout ça constitue-t-il un dossier, selon toi ? Écris.

Maintenant il y a les Mauté et leur manque de scrupules. Vois. Écris.

Ayant acquis la conviction que ma femme et sa famille ne veulent d’aucune entente, je vais très prochainement et très sévèrement agir. Tu auras avis en même temps. Rien d’ailleurs que de strictement chicanous.

Je te quitte. Soigne mon livre. Dès arrivé à Londres je t’enverrai mon adresse. D’ici là, si tu as quelque chose de pressé, écris à Londres, poste restante. Ma mère, qui repart demain pour Arras, sera revenue dans quinze jours à Paris. Elle te fait mille compliments.

Amitiés chez toi et une bonne poignée de mains de ton

P. V.


Londres, vendredi 29 mai.
Cher ami,

Arrivé ici avant-hier matin d’Anvers. Une traversée de quinze heures, inouïe de beauté ; d’ailleurs, je ne suis jamais malade en mer. Je te jette ceci vite à la poste pour te donner mon