Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/352

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d’éloigner le prisonnier de l’erreur ? Il semblerait que l’illustre poète eût été consulté sur une question d’orthodoxie philosophique ou religieuse.

La lettre apocalyptique eut toutefois le bon résultat d’inspirer au directeur une certaine considération pour le détenu, qu’au premier jour, sur le vu des pièces de police, il avait pris pour un malandrin quelconque.

Mme Verlaine mère avait écrit, de son côté, aux magistrats. Le directeur en informa son prisonnier :

— Madame votre mère, dit-il, a sollicité pour vous, de Monsieur le procureur du Roi, l’autorisation d’être admis à la pistole.

Et il ajouta, avec une certaine bienveillance, qui réconforta le pauvre détenu :

— En présence de cette lettre je prends sur moi de vous y autoriser, dès maintenant, en attendant les ordres qui vont m’arriver, et qui, je le pense, seront favorables.

En vertu du régime dit de « la pistole », Verlaine, prisonnier payant, logea seul dans une cellule, avec la permission de faire venir ses repas du dehors. Il lui fut permis également de se promener, seul, dans le préau. La promiscuité des autres prisonniers lui fut donc épargnée.

Une instruction fut ouverte. Les renseignements, demandés à Paris, et obtenus de concierges, de voisins, et de fournisseurs dans le quartier où habitait la femme de Verlaine, chez ses parents, toujours très animés contre leur gendre, furent mauvais. L’ivrognerie, les querelles domestiques, rapportées par de vagues témoins, informés surtout par les exagérations des servantes, s’ajoutèrent au mauvais renom de communard que s’était attiré le poète, en conservant son emploi à l’Hôtel-de-Ville, après le 18 mars. Le beau-père de Verlaine, fort