Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/493

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ment, il prenait, dans leurs remarques malveillantes, l’apparence d’un voleur de terres. En se coalisant contre lui, on défendait le terroir contre un envahisseur étranger. Aussi tous les témoins, tous ceux qui fournirent à la gendarmerie et au parquet des renseignements étaient-ils favorables à Dane, l’accusateur, et souhaitaient, au fond, qu’il parvînt à faire déguerpir le Parisien et à garder sa maison, comme avait déjà procédé le père Létinois, un des leurs.

Il est donc à remarquer, pour l’appréciation exacte de l’infraction pour laquelle Verlaine fut déféré aux tribunaux, qu’elle ne fut établie que par des témoignages ouvertement hostiles. L’accusé avait contre lui des rumeurs grossies, des observations de regards curieux et malveillants, des suppositions, auxquelles, par son langage et ses attitudes, Verlaine donnait une apparence de réalité, et des préventions susceptibles de pousser les juges à la sévérité. Il ne faut pas oublier qu’en dehors des potins de Coulommes il avait dû venir sur son compte, de Paris et de Belgique, des renseignements peu favorables. Des dépositions fâcheuses, émanant de la famille même de Verlaine, du côté de sa femme surtout, existaient à son dossier, puisqu’il y avait eu, lors du procès en séparation de corps, une plainte, du reste ridicule, vaine et bientôt abandonnée, contre Verlaine et contre Rimbaud. La condamnation sévère prononcée par la cour d’assises du Brabant, l’emprisonnement subi sans qu’aucune mesure gracieuse fût intervenue, et aussi la qualité de communard qui suivait toujours Verlaine, n’était point de nature à lui concilier l’indulgence du tribunal. Forcément des juges de petite ville subissent l’influence de l’opinion ambiante.

Aussi doit-on considérer comme un quasi-acquitte-