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Armand se leva à demi, mais madame Ratelle qui interprétait bien son air indigné, intervint par un signe de tête en lui montrant le membre entortillé et la fiole de remèdes qui était près de lui.

— Paul, mon frère, il ne faut pas que tu sois trop sévère envers notre garçon. Il est bien difficile pour un jeune homme de vivre dans une ville comme un ermite.

— Mon père, Paul m’a écrit que vous étiez mieux ; et il y a quelques semaines, lorsque, chagrin et inquiet sur votre santé chancelante, j’ai exprimé le désir de venir vous voir, il m’écrivit sèchement que vous désiriez que je restasse où j’étais afin de ne point perdre mon temps.

— Je lui ai dit cela une fois, c’est par manque de bon cœur que Paul t’a écrit que j’étais mieux. Ah ! quel estimable fils ! il sera mon bâton de vieillesse ! Que serais-je devenu, que seraient de venus la terre et tous nous autres si, lui aussi, s’était mis à étudier le Droit ou la médecine ? Mon file est un franc travailleur ; industrieux, il se lève de bonne heure et se couche tard ; à l’ouvrage depuis le matin jusqu’au soir, il ne va jamais en parties de plaisir, ni en soupers d’huîtres, et il n’a jamais besoin de gants de kid blancs.

À mesure que son père parlait sur ce ton, Armand rougissait de plus en plus, et en dépit des regards suppliants de la tante Françoise, il était sur le point de répliquer lorsque Paul entra. Cependant, malgré cette diversion, les choses n’en allèrent pas mieux. Les