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cœur, était bien peiné et mécontent de ton absence prolongée aussi bien que de ton silence. La nouvelle nous parvint d’une manière indirecte que tu étais à Saint-Étienne à fêter et à te divertir, et hier matin, mon pauvre frère, irrité de l’ingratitude et de l’indifférence qu’il te supposait, envoya chercher le notaire, et… et… oh ! mon pauvre enfant… — ici elle pencha sa tête et fondit en larmes, — tu es déshérité, sans le sou !

— Ainsi donc, mon frère Paul est seul héritier ? dit Armand avec le plus grand calme.

— Oui, à part mille louis qu’il m’a laissés et que je n’ai acceptés qu’avec l’intention de te les transporter, chose que je vais faire sans délai.

— Non, non, bonne tante : je n’en veux pas, parce qu’ils ne m’étaient pas destinés. Mon arrivée ici a été bien douloureuse, mais une chose me console : mon père est mort dans mes bras, en me bénissant et en pensant à ma mère. Dieu merci ! elle n’a pas donné naissance au traître qui m’a fait perdre l’amour de mon père. Descendez maintenant, ma tante Françoise, on peut avoir besoin de vous en bas, et je voudrais être seul pendant une demi-heure.

Certaine que sa présence serait requise pour surveiller les derniers et tristes préparatifs, elle serra en silence la main de son neveu et descendit avec la résolution d’occuper Paul en bas, afin d’empêcher les frères de se rencontrer avant que les sentiments