Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son silence fût mal interprêté par celle à qui il parlait, il prit la parole :

— Je ne puis vous dire, ma chère madame Martel, combien la révélation que vous venez de me faire me rend malheureux, d’autant plus que le testament de mon père m’a laissé sans le sou : je ne puis donc penser à me marier avant bien des années. Dites cela à mademoiselle Laurin, et elle comprendra de suite l’inutilité d’arrêter ses pensées sur moi qui en suis si peu digne.

— M. Durand, répliqua avec dignité la bonne femme. Délima vous aime pour vous et non pour votre fortune, et je suis certaine qu’elle sera plutôt portée à se réjouir d’une circonstance qui lui fournit l’occasion de montrer son désintéressement. Ah ! qu’elle a un riche caractère !

— Je crois tout cela, mais espérons que vous vous êtes méprise sur ses sentiments…

— Hélas ! non, je ne me suis pas méprise, interrompit solennellement madame Martel : j’ai trop de raisons de connaître l’exactitude de ce que je dis. Mais, Dieu merci ! vous êtes de retour : cette nouvelle va faire du bien à la pauvre petite.

Quelques heures après, le même jour, Armand entra au salon, et il y vit Délima, devenue plus intéressante encore par une certaine pâleur répandue sur son joli visage. Elle était assise sur le petit sofa, un simulacre d’ouvrage à l’aiguille entre ses doigts mignons. Lorsqu’elle le vit entrer, elle de-