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sait ennuyée ou embarrassée. La pauvre Geneviève faisait souvent des efforts surnaturels pour tâcher d’acquérir une petite parcelle des précieuses connaissances dans lesquelles elle faisait un défaut aussi absolu ; mais les résultats en étaient toujours des échecs décourageants, et elle en vint graduellement à la conclusion fatale qu’il lui était tout-à-fait inutile d’essayer. Pour comble de malheur, la sœur de Paul qui avait récemment perdu son mari, venait d’envoyer une lettre dans laquelle elle annonçait que sa santé, ébranlée par les chagrins et la fatigue qu’elle avait éprouvés durant la maladie de son époux, avait besoin d’un changement d’air, et elle terminait en se disant assurée que son frère et sa nouvelle sœur la recevraient avec bonté pendant quelques semaines.

Oh ! combien l’honnête Paul redouta cette visite ! comme il s’émut en songeant que les maladresses de sa pauvre petite femme seraient soumises au regard perçant de sa sœur, un modèle de ménagère ! Quant à Geneviève, elle compta les jours et les heures, comme le criminel suppute le temps qui le sépare de l’époque fixée pour l’exécution de sa sentence. Son incertitude ne fut pas de longue durée, car trois jours après sa lettre, madame Chartrand arriva. Malgré son deuil tout récent qu’elle sentait en réalité très-profondément, malgré sa santé quelque peu délabrée, cette dernière fut alarmée, presque terrifiée, en voyant l’état de chose qui se faisait remarquer dans la maison de son