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Québec après la mort de ton père, lorsque nous reçûmes la lettre si opportune de de Courval. Eh ! bien, as-tu trouvé cette vie de privations si agréable que tu veuilles la reprendre ?

— Il n’est pas question de cela, maman. Mon oncle nous aime bien et il a de grands moyens.

— Je conviens de cela, mais il peut mourir et il a d’autres parents qui pourraient raisonnablement s’attendre à leur part de ses richesses. Autre chose : il peut se marier, et dans ce cas que deviendrions-nous ? Il ne te restera plus que la ressource de t’engager comme institutrice, et pour moi celle peut être de faire de jolies coiffes au lieu de les porter. Gertrude, il faut que tu oublies cette soudaine attaque de folie et te marier de suite, car je vois que pour toi, dans ce cas, le proverbe « les délais sont dangereux » est doublement vrai.

— Mais, maman, je ne puis pas y consentir, je n’y consentirai pas ! dit-elle en frappant assez vivement le plancher de son petit pied. Oh ! si vous saviez comme le sentiment d’admiration de petite pensionnaire que j’avais conçu pour Victor de Montenay en entrant dans le monde, a été remplacé par une indifférence qui s’est bientôt changée en une opiniâtre aversion !

— Gertrude, jusqu’à présent j’ai essayé de te faire entendre raison et de te persuader ; maintenant je vais commander. Écoutes, enfant, je t’enjoins de remplir ton premier