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de fermer doucement la porte de l’escalier conduisant à la partie supérieure de la maison ; il ralluma le feu dans le poële et mit de l’eau dans le canard. Après cela, il plaça sur la table du pain et de la viande froide ainsi que des verres et une bouteille.

— Armand, dit-il au jeune homme, vous n’avez pas soupé ce soir ; aussi vous devez avoir une grande faim : un verre de quelque chose de chaud vous empêchera de prendre le rhume après votre ennuyeuse promenade. Ah ! mon cher ami, il ne faut pas vous laisser abattre par ces disputes conjugales. Comme de raison elles sont très-désagréables dans le commencement, mais une fois qu’on y est habitué on trouve qu’elles ne signifient absolument rien. D’ailleurs, il y a toujours une compensation : si une femme est grondeuse, elle est, selon toute probabilité, une habile ménagère ; si elle est chiche, avare et mesquine, il est certain qu’elle est ménagère et économe.

Le jeune Durand secoua la tête en signe de doute.

— Dans l’un comme dans l’autre cas, observa t-il, je ne trouve pas que la compensation soit suffisante.

— Peut-être que je ne le trouve pas non plus, mais à quoi sert de se plaindre contre la destinée ? Il est vrai que quelques hommes renversent cette règle et s’arrangent de façon à se donner tous les torts ; mais il faut qu’ils aient une volonté de fer et un robuste tempérament qui leur soit propre.