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— Françoise, s’écria-t-il, ceci est mon affaire et ne regarde que moi, entends-tu ? et n’était la promesse que je t’ai faite de te laisser parler, tu n’aurais assurément pu dire tout ce que tu viens de débiter.

— Je le sais, répliqua philosophiquement madame Chartrand ; mais comme tu m’as donné ta parole que tu m’écouterais jusqu’au bout, je te la rappelle. Ai-je dit des choses qui ne soient aussi vraies que l’Évangile même ? Ai-je calomnié Geneviève en quoi que ce soit ?

— Si je suis satisfait de ma femme, qui est-ce qui a le droit de la trouver en faute ? demanda-t-il en haussant davantage la voix.

— Tu n’as pas besoin de te fâcher contre moi, Paul. Je vois que tu cherches une querelle, mais je ne satisferai pas ton désir. C’est toujours comme cela avec vous autres, hommes : quand votre cause est mauvaise, vous tâchez invariablement de l’améliorer par des paroles vives et beaucoup de tapage. Maintenant, je dirai tout ce que j’ai à dire, quand même tu ferais deux fois plus de bruit. Dieu sait qu’il n’y a dans mon cœur aucun mauvais sentiment à l’égard de ta femme, et c’est pour son bien ainsi que pour le tien que je parle aussi ouvertement. Personne plus que moi ne s’est réjoui en apprenant ton mariage, parceque je pensais que ce serait là ton bonheur.

— Ainsi en a-t il été, Françoise, et je suis aussi heureux qu’un roi. Aussi bien je n’ai pas l’intention de nous rendre malheureux,