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le vaincre si c’était possible, un messager arriva d’Alonville pour lui dire de s’y rendre sans retard parce que madame Ratelle venait d’être frappée d’un coup de paralysie et qu’elle se mourait. Atterré et profondément chagrin de cette affreuse nouvelle, il se prépara à partir incontinent ; de son côté, Délima sut profiter du prétexte des mauvais chemins et du temps défavorable pour refuser de l’accompagner.

Il arriva à temps pour recevoir la dernière bénédiction de la bonne tante Françoise, pour cueillir de ses lèvres expirantes quelques conseils et des paroles de sympathie ; un autre coup de l’ennemi infatigable termina la scène. Aucune expression ne peut rendre la désolation du pauvre Armand en face du cadavre inanimé de sa tante. Elle avait été le dernier être qui l’eût aimé sur la terre, car sa confiance dans l’affection de sa femme s’était évanouïe depuis longtemps ; son oreille aujourd’hui glacée par la mort était la seule à laquelle il eût pu confier ses peines et ses projets. L’avenir qui s’ouvrait maintenant devant lui n’était plus embelli par l’espérance de rencontrer un cœur sincère qui pût l’aimer.

Quelques mots furent échangés entre lui et Paul, ce dernier faisant preuve d’embarras et de contrariété, pendant que lui-même était préoccupé et indifférent. Ce fut là toute leur entrevue.

Après les funérailles auxquelles les deux frères assistèrent côte à côte, le notaire du