Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
271

sèrent, et Délima se contenta de parcourir toute la maison en pleurant et en se lamentant. Son linge fut empaqueté et l’encan eut lieu. La vente eut un succès complet, et des bagatelles s’élevèrent à des prix comparativement très-forts, ou elles étaient achetées par un individu de modeste apparence, quoique très-bien habillé, qui se trouvait dans la foule et que personne ne soupçonnait être un agent de Rodolphe Belfond.

Il faisait un de ces temps d’hiver sombres et tristes comme il y en a si souvent en Canada ; d’épais nuages gris qui couraient le firmament indiquaient une tempête de neige, bien qu’il en fût considérablement tombée la nuit précédente. Malgré cela cependant, notre héros partit avec sa jeune femme pour la nouvelle ville où ils devaient tenter fortune. Les apparences du temps étaient si peu encourageantes, qu’il aurait bien volontiers retardé le départ, au lendemain ; mais l’habitant qui devait, moyennant un prix modique, les recevoir dans sa carriole, ne pouvait attendre. Ils n’apportaient avec eux qu’un petit coffre contenant des hardes, Belfond leur ayant promis de leur faire parvenir le reste par une bonne occasion.

Au moment du départ Délima sanglotait amèrement, et Armand roulait dans sa tête des pensées de tristesse et de mélancolique anticipation. Tous deux ils étaient tellement préoccupés qu’ils s’apercevaient à peine de l’épaisse neige qui tombait et des sombres nuages qui roulaient au-dessus de leur tête.