Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52

Et ses joues devénaient plus pâles et ses lèvres plus blanches, jusqu’à ce qu’enfin elle craignit de se trouver mal.

— C’est la pâleur de la culpabilité ! pensait Paul. Ah ! l’indigne hypocrite !

À la fin elle parla.

— Paul, qu’as tu ? Pourquoi me traiter ainsi ?

— D’abord, réponds-moi à une question, femme ! Quels visiteurs as-tu eus ici pendant mon absence ?

— Pas d’autres que le capitaine de Chevandiqr, répondit-elle tout interdite.

— Ah ! c’est donc vrai ? Et tu as l’audace de l’avouer !

Cette véhémence de la part de Paul n’avait certainement pas de raison d’être ; car si elle lui avait caché la vérité, il eût été encore plus courroucé contre elle si cela eût pu être possible ; mais la colère a-t-elle jamais été logique ou conséquente ?

Sa réponse, toutefois, était une terrible confirmation des rapports qu’il avait reçus ; et d’une voix enrouée, suffoquée, il demanda :

— Combien de fois est-il venu ?

— Trois fois.

— C’est-à-dire tous les jours pendant mon absence, excepté aujourd’hui : probablement, que la crainte de me rencontrer à mon retour ou celle d’exposer son élégante personne à la pluie l’aura retenu à la maison. O femme indigne et infidèle ! Que puis-je penser, que pensai-je en effet d’une épouse qui profi-