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fait, pendant qu’elle-même n’y faisait pas souvent allusion ; cela cependant l’empêchait de chercher à se faire une position meilleure en demandant de l’emploi dans d’autres familles, parceque agir ainsi aurait été jeter du discrédit sur cette parenté qui était pour elle un honneur si stérile.

Paul Durand allait souvent chez M. de Courval, partie parceque, ayant ensemble acheté à un prix nominal une vaste étendue de terrains marécageux qu’ils étaient en train d’utiliser par l’assèchement, ils avaient en commun quelques intérêts, et partie parceque ses visites offraient une source de jouissances réelles à M. de Courval qui était en théorie aussi bon agriculteur que Durand dans la pratique et qui prenait un véritable plaisir à causer de moissons, d’assèchements, de tout ce qui concerne une ferme, avec quelqu’un dont les succès dans ces spécialités étaient une preuve frappante de la justesse de ses propres opinions. Quand il venait au Manoir, s’il arrivait que le seigneur eut alors des visiteurs, tous deux se rendaient dans la chambre qui servait au double usage de bibliothèque et de bureau, et là ils causaient à l’aise en fumant l’excellent tabac de M. de Courval.

Celui-ci aurait volontiers présenté Paul à ses amis les plus distingués, car il l’estimait et le respectait ; mais Durand évitait naturellement une société où les conversations portaient sur des sujets de la ville qui lui étaient parfaitement étrangers, et dont ceux qui y