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peu de cette vivacité qui caractérise généralement les Françaises, et la triste expérience dont sa jeune existence était remplie avait imprimé à son langage un ton réservé, presque froid. Cependant, Paul se sentit singulièrement attiré vers elle. Elle était si délicate, elle avait l’air si faible, et en réalité elle était si désolée, si malheureuse, qu’il ne put s’empêcher de ressentir cette espèce d’impulsion intérieure qui possède les hommes de cœur en présence de la faiblesse opprimée et qui les pousse à la protéger et à la secourir.

L’entrevue avait duré plus longtemps qu’il avait cru, tant elle avait été intéressante ; et ce ne fut pas la dernière, car deux jours après M. de Courval le fit mander pour examiner un légume monstre sous la forme d’un énorme navet, capable de remporter le prix, non-seulement pour sa grosseur, mais encore pour sa difformité et son infériorité au double point de vue du goût et des qualités nutritives. Ils examinèrent donc la curiosité et firent sur son compte toutes sortes de commentaires ; puis, tout en causant, ils se promenèrent, M de Courval ayant soin de diriger les pas précisément au même endroit où se trouvait mademoiselle Audet, comme la première fois. Le bon seigneur se mit encore à amuser les enfants, pendant que Durand qui, naturellement n’était pas resté en arrière, causait avec leur gouvernante. L’impression favorable que Geneviève lui avait faite dans la première entrevue, fut fortifiée par celle-ci et pleinement confirmée par deux ou trois autres rencontres subséquentes.