Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/118

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Qui nous appelle et dont toute la mer palpite.
Déjà le grand sommeil nous envahit, viens vite…
Regarde, Ève, à tes yeux nous allons disparaître,
Et gaies, en nous jouant, certaines de renaître,
Mourir jusqu’à demain. Mais le doux chant qui fut,
Sache l’entendre encor quand nous ne serons plus.
Ne dis pas, tout à l’heure, en notre brève absence :
Hélas ! j’existe seule, et tout n’est qu’apparence,
Un rêve merveilleux visita mon sommeil ;
Mais, sous d’autres clartés que celle du soleil,
Un autre monde existe où d’autres Èves vivent.
Regarde : Rien n’échappe à la vue attentive
D’une âme radieuse. À peine il est tombé,
Sur la mer et sur notre éternelle présence,
Un voile de légère invisibilité…
Adieu ! Et souviens-toi de nous dans le silence. »