Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/140

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Qui rayonne à jamais d’une lumière égale.
Et pourtant quel divin et doux apaisement
Dans ce silence pur, et cette virginale
Solitude ! En ces lieux plus rien qui soit vivant.
Pas un oiseau qui dans cet air irrespirable
Ait ouvert ses ailes légères ou laissé
L’étoile de ses pieds agiles sur le sable.
Pas une haleine qui, dans la brise, ait passé
Ce seuil où tout expire, où jusqu’aux fleurs muettes
Du paradis, en foule, interdites, s’arrêtent ;
Car il est inscrit sur ce seuil de pierre : Ailleurs.
Là, tombent tous les bruits, là, ma voix même a peur.
Et recule aussitôt qu’elle touche l’espace ;
Et c’est par là, disent mes anges, que la Mort,
En ce divin royaume, invisiblement passe,
Et par là que la vie, obscurément, en sort.

Qu’importe ! Ils sont si doux, ici, mes calmes rêves.
Ils ressemblent à ceux qui viennent dans la nuit,
Quand tout repose, quand mon cœur heureux m’élève
Au-dessus de l’Éden lui-même, et que je suis,