Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/174

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Et je viens vers vous et vous dis :
Ô mes anges, les Eaux, ô mes anges, les Ondes,
Rires bleus de mon paradis,
Que je me perde, que je me fonde
En votre calme pureté,
Et qu’en vos fraîcheurs je descende
Comme l’ardeur d’un ciel d’été.

Buvez mes lèvres, comblez mon âme,
Apaisez la soif de mes yeux.
Éteignez-moi des sourdes flammes
Dont m’étreignent mes cheveux.
Que je devienne en vous mon rêve,
Une clarté qui s’achève
En des vagues, en des bruits
De sources sombres dans la nuit ;
Une chose qui glisse et chante,
Nue, et frémissante, et qui fuit,
Et va vers des mers inconnues,
Dans le grand murmure infini.