Page:Lerberghe - La Chanson d'Eve.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La lune se lève.
Et je l’adore, immobile, un moment,
Perdue en son rêve.

Je suis la fontaine du bois dormant,
Aux ailes d’humides étincelles ;
Je suis la fontaine du jardin clos ;
L’amour en a brisé le sceau,
Le ciel l’attire, et vois, je suis elle,
Moi qui danse, moi qui bondis.
Je suis la fontaine du Paradis.

Souffle ! Souffle ! vent de la nuit !
Le vent est alerte ; il courbe les herbes ;
Il court et frémit : ma danse c’est lui.
Et toi, merveilleuse Fleur blanche,
Qui, là-haut, vers la lune luis,
Toi qui parfumes le silence,
Et trembles dans la douce nuit ;
Toi, dont la tige oscille et fuit,
Fleur de lumière !