Page:Lermina - L’Énigme.djvu/64

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C’était la veuve d’un soldat tué en Crimée. Elle avait noblement porté sa douleur : n’ayant pas d’enfants, elle avait fait sien le fils de son maître. C’était la probité vivante, et elle s’était bientôt si complètement identifiée à ceux qu’elle servait, qu’elle traitait de leurs intérêts mieux que ne l’eût fait Berthe, laquelle était restée, par enfantillage ou par paresse native, craintive des responsabilités. Germaine fut un intendant d’une intégrité absolue, d’un dévouement à toute épreuve. Elle était fière des services qu’elle rendait ; ce mandat qui lui était échu la grandissait à ses propres yeux, et pour le mieux exercer elle s’efforça — sans mauvaise intention d’ailleurs — de l’élargir encore.

Berthe laissait faire. Elle s’attristait de plus en plus, sans doute par conscience de son état de faiblesse. Déjà elle prévoyait le terme de sa vie, et tenait ses yeux obstinément fixés sur la tombe qui