Page:Lermitage-1896-Volume12.djvu/18

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qu’elle vous soit un sûr bouclier contre les flèches de l’adversaire, — contre les amertumes de la désillusion… Quand vous verrez passer les Nymphes, prenez bien garde : muselez l’Amour, muselez ce sanglier cruel ; étranglez, sans pitié, vos désirs de luxure ; si vos lèvres réclament des baisers, mordez-les…

» Quant à suivre des Nymphes… à quoi bon ? Quelle folie ! c’est moi qui vous le déclare, retenez bien mes conseils, usez-en pour votre défense : ou bien elles vous échappent, les Nymphes, et toute votre fatigue est vaine ; ou bien, si d’aventure elles tombent entre vos mains, c’est pour se transformer en touffe de roseaux verts !… »

Là-dessus vient à passer au loin, sous les peupliers argentés, une nymphe qui fuit, qui fuit, comme une étoile, filante ; et Pan qui l’aperçoit se lève, hors de soi-même, parmi la stupeur des Satyres, et les quitte pour courir… pour courir après elle.

Eugenio de Castro.
(Traduction par Louis-Pilate de Brinn’Gaubast.)