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I

TAMAN




Taman est bien la plus sale petite ville de toutes les villes maritimes de la Russie. C’est tout juste si je n’y suis pas mort de faim, et pour compléter encore cela on a voulu m’y noyer. J’y arrivai en poste à une heure assez avancée de la nuit. Le postillon arrêta son troïka[1] fatigué, à la porte de la seule maison bâtie en pierre, vis-à-vis de l’entrée. La sentinelle cosaque de la mer Noire, entendant le son des grelots, cria d’une voix à demi-endormie et sauvage : qui vive ! Le sergent et le brigadier accoururent ; je leur expliquai que j’étais un officier allant en mission

  1. On appelle ainsi un attelage à trois chevaux.