Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/162

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s’augmentait en proportion de la grandeur d’âme de son adversaire, Il a une langue mordante, mais sous l’aiguillon de ses épigrammes pas un brave homme ne passe pour un sot insipide. Ses rivaux, les médecins des eaux, jaloux de lui, répandirent le bruit qu’il faisait des charges sur ses malades ; ceux-ci se fâchèrent et presque tous cessèrent de le voir. Ses amis, ceci est la vérité, hommes honnêtes en service au Caucase, s’efforcèrent en vain de rétablir son crédit ébranlé.

Son extérieur est de ceux, qui au premier coup d’œil, frappent désagréablement, mais qui plaisent ensuite lorsque l’œil s’étudie à bien lire sur leurs traits irréguliers l’expression d’une âme éprouvée et pleine d’élévation. On a des exemples de femmes qui se sont amourachées de pareils hommes jusqu’à la folie, et elle n’auraient pas certainement changé l’objet de leur folie pour la beauté des plus frais et des plus roses Endymions. Il faut rendre une justice aux femmes : elles ont l’instinct de la beauté de l’âme ; peut-être, parce que les hommes comme Verner aiment les femmes avec passion.