Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/200

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Je suis allé droit au monsieur ivre ; je l’ai pris assez solidement par le bras, l’ai regardé fixement dans les yeux et l’ai invité à se retirer, parce que la princesse m’avait déjà promis depuis longtemps de danser la mazurka avec moi.

« Dans ce cas, il n’y a rien à faire ! a-t-il dit d’un air moqueur ; à une autre fois ; » et il est allé rejoindre ses compagnons, qui rougissaient et qui l’ont emmené dans une autre salle.

J’ai été récompensé par un profond et admirable regard.

La jeune princesse est allée trouver sa mère, et lui a tout raconté ; celle-ci m’a cherché dans la foule et m’a remercié. Elle m’a déclaré qu’elle connaissait ma mère et qu’elle était liée avec une demi-douzaine de mes tantes. « Je ne sais comment une occasion ne nous a pas mis en rapport, a-t-elle ajouté, pendant ces jours-ci. Mais avouez que vous en êtes seul la cause ; car vous nous fuyez, comme on ne l’a jamais vu faire ; j’espère que l’air de mon salon dissipera votre spleen, n’est-ce pas vrai ? »

Je lui ai débité une de ces phrases qu’on a toujours prêtes pour de semblables occasions.

Les quadrilles se sont prolongés fort long-