Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/244

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à travers lequel ce regard pénètre d’ordinaire si difficilement. Non, tout ce que je dis d’elles n’est que la conséquence

 
Des froides observations de l’esprit
Et des amères remarques du cœur.

Les femmes devraient désirer que tous les hommes les connussent aussi bien que moi, parce que je les aime cent fois plus, depuis que je ne les crains pas et ai deviné leurs petites faiblesses.

À propos de cela, Verner comparait un jour la femme à la forêt enchantée dont parle le Tasse, dans sa Jérusalem délivrée : Dès que vous vous approchez d’elle, disait-il, les plus grands épouvantails se mettent à voler autour de vous. Grand Dieu ! Et le devoir, la dignité, la bienséance, l’opinion publique, le ridicule, le mépris ! mais il ne faut pas vous préoccuper de ces mots ; avancez toujours ; peu à peu les monstres s’évanouiront ; et bientôt devant vous s’ouvrira le champ calme et lumineux au milieu duquel fleurit le myrte vert. Malheur à vous, si, dès les premiers pas, votre cœur s’émeut et si vous rebroussez chemin !…