Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/290

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je voulais être seul. Abandonnant mes rênes, la tête penchée sur ma poitrine, je marchai longtemps. J’arrivai enfin dans un lieu qui m’était tout à fait inconnu. Je fis faire volte-face à mon cheval et me mis à chercher mon chemin. Déjà le soleil baissait lorsque j’arrivai à Kislovodsk, épuisé de fatigue ainsi que mon cheval.

Mon domestique me dit que Verner était venu et me donna deux billets ; l’un de ce dernier et l’autre de Viéra.

Je décachetai le premier ; il contenait les mots suivants :

« Tout s’est arrangé on ne peut mieux ; le corps est arrivé en bas tout mutilé. La balle a été extraite de la poitrine, tout le monde est convaincu que sa mort est due à un malheureux accident. Seulement, le commandant, qui avait eu connaissance de votre querelle, a secoué la tête, mais n’a rien dit. Il n’y a aucune preuve contre vous et vous pouvez dormir tranquille… si cela vous est possible… Adieu ! »

Je restai longtemps avant de me décider à ouvrir le second billet… Que pouvait-elle m’écrire ? un affreux pressentiment agitait mon âme.

La voici, cette lettre, dont chaque mot s’est