Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/348

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sans voix et sans puissance ; elles ont reconnu tout d’abord une âme pleine de fierté. Il entre, regarde ; devant lui se dresse l’envoyé du ciel ; c’est le chérubin qui veille sur la belle pécheresse : son visage rayonne d’un sourire plein de sérénité et son aile la protège contre l’ennemi. Un instant son regard impie fut ébloui par l’éclat de la lumière divine, et au lieu du doux accueil qu’il espérait, il entendit éclater de pénibles reproches.


IX.


« Esprit turbulent, démon du vice, qui t’a appelé au milieu des ténèbres de la nuit ? Tes adorateurs n’habitent point ces lieux et jusqu’à présent le souffle du mal n’a point pénétré ici ; ne viens point souiller de ton pas impie cet asile de mon amour et de ma sainteté ! qui t’a appelé ?…

L’esprit méchant lui répond par un sourire perfide, son regard s’enflamme de jalousie et de nouveau le poison de la vieille haine a embrasé son âme : « Elle est à moi, dit-il d’une voix dure ; laisse-la ; elle est à moi ; tu as paru trop tard pour la défendre, tu n’es ni mon juge ni le sien et, sur ce cœur plein d’élévation, j’ai