Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

les entendais distinctement s’ouvrir et se refermer.

« Nous sommes arrivés ainsi dans cette chambre où il faisait encore un peu jour… oh ! à peine ! mais suffisamment pour que l’on pût voir, dans le lit, le petit François qui reposait… L’ombre était redevenue visible. Elle me lâcha la main et je la vis se pencher au-dessus du lit. Alors, elle poussa un long soupir et dit : « Veille sur lui ! »

« Puis je ne la vis plus…

« Mais j’entendis la porte qui conduit dans l’appartement des enfants s’ouvrir et se refermer.

« Comme si je n’étais soutenue que par la présence de l’esprit, je sentis, sitôt qu’il fut parti, mes forces m’abandonner et je glissai sur le tapis…

« Je suis vraiment si faible… si faible… je crois bien alors que je n’existe plus qu’en sa présence… alors il vaudrait mieux que je fusse morte tout à fait !… Enfin, je vous ai dit tout ce que je sais, tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai entendu, pour que ce soit un avertissement pour vous !… André, en somme, vous avertit par ma bouche qu’un malheur menace les enfants. Il veut que je veille sur eux, mais je n’en ai pas la force et, moi non plus, je ne fais pas ce que je veux !… Mon mari va rentrer tout à l’heure de l’étude et me chercher partout ! Il viendra ici. Il m’emportera !… Promettez-moi de bien veiller sur les enfants… c’est la commission du mort !… »

Fanny n’avait pas attendu les dernières