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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

mandes qui ajoutaient à la confusion et au tumulte.

Bientôt arrivèrent encore, dans un galop effaré, des domestiques, la femme de chambre, le maître d’hôtel, puis le Dr Moutier, et un grand monsieur aux cheveux pâles très cosmétiqués, très maigre et très chic dans sa jaquette noire, le monocle solidement encastré dans l’arcade sourcilière, et qui paraissait fort calme en dépit de l’émotion ambiante. C’était le professeur Jaloux.

Ces messieurs avaient prolongé leur veille et venaient d’être arrachés à leurs chères études par ce cri qui avait réveillé le château. Comme ils étaient les seuls à avoir conservé leur sang-froid, ils firent taire tout le monde et questionnèrent l’enfant qui avait cessé son gémissement rauque et qui regardait maintenant tous ces gens qui l’entouraient avec une sorte d’hébêtement.

« Qu’est-ce que tu as eu, petit ? demanda Moutier. Tu as fait un mauvais rêve ? »

Alors François, après une hésitation marquée, répondit à voix basse :

« J’ai vu papa !… »

Fanny et Jacques se regardèrent. En vérité, ils étaient aussi pâles l’un que l’autre.

« Tu as rêvé de ton papa ? » reprit le Dr Moutier en prenant la main du petit que Lydia avait recouché sous ses couvertures.

« Oh ! non, monsieur, répondit l’enfant en secouant la tête… Non, non ?… je n’ai pas rêvé… je l’ai bien vu… La preuve que je ne rêvais pas, c’est que j’ai entendu sonner l’heure