Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

oreille et dans ton cerveau !… Oh ! prends garde à toi !… prends garde à toi !… Cette Marthe nous aura apporté ici la folie, si ça continue ! Jacques, prends garde à toi !…

— C’est vrai ! fit Jacques en se passant la main sur le front… Il faut faire attention à soi… Il ne faut pas devenir fou !… »

Mais il tressaillait au moindre bruit, et c’est ainsi que le son de la petite pendule de Boule qui sonnait deux heures du matin dans le boudoir le fit frissonner.

« Ce que tu as cru entendre, dit alors Fanny, c’est certainement le déclenchement du ressort qui se produit toujours quelques instants avant qu’elle sonne…

— C’est bien possible ! répondit-il, mais ça ne ressemblait pas du tout à ce bruit de déclenchement, c’était comme une chaîne… une chaîne que l’on traîne à son pied… oui, oui, je sais ce que tu vas dire encore, une illusion !… c’est bien possible !… Je te dis que c’est bien possible ! tout est possible maintenant… maintenant que je ne peux pas me débarrasser de cette idée qu’elle a amené le fantôme avec elle, dans le château, et qu’elle est repartie en nous le laissant !… Oui, il me semble qu’il est là, qu’il nous voit, qu’il nous écoute, et qu’il s’amuse à nous épouvanter avec son bruit de chaîne…

— Mon Dieu ! Où allons-nous ?… Où allons-nous si tu crois à la réalité du fantôme ? soupira Fanny…

— Je ne te dis pas que je crois à la réalité du fantôme… je n’en suis pas tout à fait là…