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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

ajouté après un silence ; sinon que je pars cette nuit, que je vais à Paris prendre le train de Bordeaux du matin, et que, dès maintenant, je te mets, toi, Jacques, à la tête de mes affaires. Ce sera toi, le patron, ici. Vous habiterez la Roseraie, vous me remplacerez en tout ?… Voici des papiers qui donnent à Jacques pleins pouvoirs et qui fixeront sa part dans les bénéfices. Tout est en règle. Je sors de chez le notaire !…

— Tu reviens de Juvisy ?…

— Oui !… »

Ceci avait été dit d’un ton très sec comme pour couper court à tout commentaire, à toute explication. Fanny et Jacques avaient échangé un rapide coup d’œil et n’avaient plus soufflé mot.

« Examine ces papiers, avait dit encore le frère, moi, je retourne au château. À quatre heures du matin, je serai ici. Nous signerons notre accord, et je prendrai l’auto ici pour me rendre à Paris. Préviens le chauffeur. »

Là-dessus, il avait poussé un profond soupir et, s’étant levé, avait gagné la porte. Celle-ci n’avait pas été plutôt refermée que Fanny se jetait au cou de son mari, incapable de retenir plus longtemps la joie, l’allégresse, le délire qui la transportaient. Au fond, elle détestait André qui ne leur avait point fait, près de lui, la place qu’ils méritaient, pensait-elle.

Quelle aubaine que ce départ et quelle histoire : « Ah ! petit tchéri ! petit tchéri ! »

Elle avait repris tout de suite son accent bri-