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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Fanny. Ce bon, cet excellent docteur voulait tout simplement m’étrangler.

— Madame, ce qui me met hors de moi, c’est que votre mari, par ses sourires, semble toujours mettre en doute ma bonne foi !

— Eh ! mon cher, reprit Jacques, je ne doute pas de votre bonne foi… mais votre bonne foi n’est pas nécessairement la science… et quand vous venez prétendre, comme tantôt, que vous pouvez prendre un homme scientifiquement mort et le faire scientifiquement revivre, j’ai bien le droit de sourire tout de même.

— Non, monsieur, vous n’en avez pas le droit !… »

Et le père Moutier, retourné d’un coup à la plus noble indignation, avait relevé ses bésicles sur son front, laissant voir ses gros yeux qui lui sortaient de la tête, tandis que d’un geste fébrile, il fouillait dans la poche intérieure de sa redingote. Il en sortit bientôt un considérable portefeuille en maroquin noir, l’ouvrit, y prit une coupure de journal jaunie, qu’il agita sous le nez de Jacques, stupéfait, et de Fanny, amusée :

« Non, monsieur, vous n’en avez pas le droit !… Et pour vous confondre, j’ai retrouvé dans les dossiers que j’ai apportés ici pour travailler au premier fascicule de la Médecine astrale… j’ai retrouvé cette page du Matin, qui, je l’espère, fera cesser vos doutes et votre sourire, monsieur le sceptique ! Après cette lecture, j’espère que vous ne me traiterez plus de charlatan !…