Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/149

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C’était à qui inventerait une maladie ou dénicherait, au fond d’une province éloignée, quelque parent à l’agonie, pour ne point revêtir en public l’habit à feuilles de chêne et suspendre à son côté l’épée à poignée de nacre.

Ah ! les temps étaient tristes !

Et l’Immortalité était bien malade.

On ne parlait plus d’elle qu’avec un sourire.

Car tout finit de la sorte en France, avec un sourire, même quand les chansons tuent.

L’enquête avait été rapidement close et l’affaire classée. Et il semblait ne devoir rester de cette terrible aventure où l’opinion affolée n’avait vu que des crimes, que le souvenir d’un fauteuil qui portait malheur.

… Et dans lequel aucun homme n’était assez audacieux pour aller désormais s’asseoir…

Ce qui, en effet, était assez risible.

Ainsi donc :

Toute l’horreur de cette inexplicable et triple tragédie s’effaçait devant ce sourire :

« Les trente-neuf ! »

L’Immortalité avait diminué d’Un.

Et cela avait suffi pour la rendre à tout jamais ridicule.

Si bien ridicule, que l’empressement d’autrefois à faire partie d’une Assemblée qui réu-