Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/324

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ment que la bête était possédée, tant ces bonds étaient désordonnés et inexplicables. Elle avait l’air de happer une forme que je ne voyais pas.

— Elle empêche peut-être le diable d’entrer, fis-je tout haut. Pourtant je ne l’ai pas encore appelé !…

J’essayais de plaisanter, mais l’état d’esprit dans lequel je me trouvais, la lecture que je venais de faire, le hurlement de ma chienne, ses bonds bizarres, le lieu sinistre, cette vieille chambre, ces pistolets chargés pour moi, tout avait contribué à m’impressionner beaucoup plus que je n’avais la bonne foi de me l’avouer…

Je quittai la fenêtre et marchai un peu dans ma chambre. Tout à coup je me vis dans l’armoire à glace. Ma pâleur était telle que je crus que j’étais mort ! Hélas ! non ! L’homme qui était devant cette armoire n’était point mort !… Mais c’était un vivant qui évoquait le roi des morts !… Oui… écoutez-moi… croyez-moi… j’ai fait ça… j’ai fait ça… De tout mon cœur… de tout mon cœur… Je l’appelais !… à mon secours !… à mon secours !… car j’étais trop jeune pour mourir !… Je voulais jouir encore de la vie !… être riche encore !… pour elle !… pour elle !… pour elle qui était un ange… Moi, moi… j’ai appelé le diable !… et alors… dans la glace… à côté de ma figure… quelque chose est venu…