Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/346

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tèrent près de nous, tremblants comme si un grand danger nous menaçait.

Allan me dit :

— Allons ! Toi qui es fort à l’écarté, tiens les cartes…

Je pris la place d’Allan, un vague sourire aux lèvres, mais, au fond, assez ému. Et cependant, il ne faisait point de doute pour moi que, puisque nous devions jouer toutes les parties que nous voudrions je finirais bien par gagner, une fois… ne serait-ce qu’une fois ! Et cette fois-là nous rendrait tout ce que nous pourrions avoir perdu, Allan et moi, et, de plus, rapporterait peut-être le calme dans le cerveau troublé de notre hôte. Je me mis à battre rapidement les cartes et présentai le paquet à mon partenaire…

Il coupa. Je donnai. Je retournai le valet de cœur. L’hôte regarda son jeu et joua. Manifestement, il n’aurait pas dû jouer le jeu qu’il avait en main : trois petits trèfles, la dame de carreau et le sept de pique. Il fit la dame de carreau, je fis les quatre autres plis et comme il avait joué d’autorité je marquai deux points. Il ne faisait pas de doute pour nous que le gentilhomme faisait tout son possible pour perdre. Ce fut à son tour de donner. Il tourna