Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/138

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Le repas était rendu plus lugubre encore par le cadre dans lequel il nous était servi, cadre sombre, éclairé d’une lampe gothique, de vieux candélabres de fer forgé, entre des murs de forteresse garnis de tapisseries d’Orient et contre lesquels s’appuyaient de vieilles armoires datant de la première invasion sarrasine, et des sièges à la Dagobert.

À tour de rôle, j’examinais les convives, et ainsi m’apparaissaient les causes particulières de la tristesse générale. M. et Mme  Robert Darzac étaient à côté l’un de l’autre. La maîtresse de céans n’avait évidemment point voulu séparer des époux aussi neufs, dont l’union ne datait que de l’avant-veille. Des deux, je dois dire que le plus désolé était, sans contredit, notre ami Robert. Il ne prononçait pas une parole. Mme  Darzac, elle, se mêlait encore à la conversation, échangeait quelques réflexions banales avec Arthur Rance. Devrais-je ajouter même, à ce propos, qu’après la scène à laquelle j’avais assisté du haut de ma fenêtre entre Rouletabille et Mathilde je m’attendais à voir celle-ci plus atterrée… quasi anéantie par cette vision menaçante d’un Larsan surgi des eaux. Mais non ! bien au contraire, je constatais une remarquable différence entre l’aspect effaré sous lequel elle nous était apparue précédemment à la gare, par exemple, et celui-ci qui