Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/152

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décidé que les veilleurs désignés ne se coucheraient pas. Comme nous passions près du puits de la Cour du Téméraire, je vis à la clarté de la lune qu’on avait dérangé la planche circulaire qui le fermait. Je vis aussi, sur la margelle, un seau attaché à une corde. Rouletabille m’expliqua qu’il avait voulu savoir si ce vieux puits correspondait avec la mer et qu’il y avait puisé une eau absolument douce, preuve que cette eau n’avait aucune relation avec l’élément salé. Il fit quelques pas alors avec Mme Darzac qui prit aussitôt congé de nous et entra dans la Tour Carrée. M. Darzac, sur la prière de Rouletabille, resta avec nous, ainsi qu’Arthur Rance. Quelques phrases d’excuses à l’adresse de Mrs Edith firent comprendre à celle-ci qu’on la priait poliment de s’aller coucher, ce qu’elle fit d’une grâce assez nonchalante et en saluant Rouletabille d’un ironique : « Bonsoir, monsieur le capitaine ! »

Quand nous fûmes seuls, entre hommes, Rouletabille nous entraîna vers la poterne, dans la petite chambre du jardinier ; c’était une pièce fort obscure, basse de plafond, où l’on se trouvait merveilleusement blottis pour voir sans être vus. Là, Arthur Rance, Robert Darzac, Rouletabille et moi, dans la nuit, sans même avoir allumé une lanterne, nous tînmes notre premier conseil de guerre. Ma foi, je ne