pas tout à fait de moi, du reste… Elle est de Durin.
— Dites-moi cela !
— Puisque vous le désirez, darling ! Ne trouvez-vous pas que « Monsieur Jacob », qui a fait fortune en « détroussant » tout le monde, en trompant tout le monde, sans aucun risque, sans courage, sans bravoure, ne mérite pas sa chance ?
— Non ! il ne la mérite pas !…
— Et que ce serait « pain bénit », comme disent les Français, s’il était « détroussé » à son tour ?…
— Évidemment, Helena… évidemment…
— Et que l’homme qui ferait rendre gorge à « Monsieur Jacob » serait, en vérité, providentiel ?
— Sans doute !… mais je ne vois pas le moyen de faire rendre gorge à « Monsieur Jacob »…
— Il y en a un, cher Rudy !… c’est de le voler comme il a volé tout le monde !…
Depuis quelques minutes, je ne pouvais dissimuler ma gêne… À cette attaque brutale, je répondis :
— Primitif ! moyen primitif !
— C’est le meilleur, Rudy ! Et souvent le seul !… en tout cas, le seul digne vraiment d’un homme courageux… Tout le reste n’est que combinaison de boutiquiers. Durin me l’a souvent dit : pour celui qui a dans ses veines un sang de gentleman, il n’y a de possible, dès qu’il s’agit de s’adjuger le bien d’autrui, que la rapine. C’est l’histoire de toutes les grandes familles, croyez-moi.