Page:Leroux - Mister Flow.djvu/224

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de partir. Ce sera une leçon pour une autre fois. Maintenant, nos distances se maintiennent sensiblement. Pour les semer, le mieux est d’entrer dans Biarritz, que je ne connais pas, mais, avec quelques crochets dans les petites artères, je puis brouiller le jeu. C’est ce que je fais et toujours en vitesse…

Comment me retrouvai-je hors de la ville ? Je n’en sais rien. Sur quelle route suis-je ? Je n’en sais rien ! Mais je cours vers le Nord, vers Paris ! Ah ! la rue des Bernardins ! je voudrais y être déjà ! Je n’ai plus ma moustache à la Charlot, et j’ai laissé pousser ma barbe à bord, malgré tout ce qu’ont pu me dire Trompette et Georgette, qui préfèrent les messieurs bien rasés. Toute la nuit, je dévorai la route. J’avais de bons phares, et j’en usai, car je n’avais plus personne à mes trousses. Du moins, je le croyais. Je fis de l’essence à l’aurore, dans une petite ville dont j’ignore le nom. Je m’aperçus alors que ma carrosserie était d’un beau rouge. Couleur peu discrète. Les chauffeurs devaient déjà avoir déposé leur plainte, et pour peu que Mme Putiphar y eût mis du sien, on devait déjà avoir signalé dans les principaux centres le nouveau coup de Mister Flow.

Je résolus d’abandonner la route de Paris, et de remonter vers la Bretagne, en évitant les voies directes. J’avais consulté la carte du chauffeur. Je n’étais pas loin d’Angoulême. Encore une ville à éviter. Soudain, en me retournant, j’aperçus derrière moi un nuage de poussière et une auto montée par trois hommes, dont un en bras de chemise,