Page:Leroux - Mister Flow.djvu/48

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Elle lève un doigt menaçant :

— Surtout, que l’on ne dise pas que je suis juive !… j’ai horreur !… Mon arrière-grand-père était…, je vous ai dit déjà, je crois, oui, juif roumain, pauvre vieux cher homme ! mais depuis deux générations, nous sommes tous sauvés dans les bras de Jésus. Sans cela, le baronnet ne m’aurait jamais épousée, of course not !… Il faut que l’on sache cela !… Ici, vous le répéterez partout !… Je vous serai obligée, voulez-vous ? yes ! Ah !… je voulais vous dire encore, mister Prim… vous êtes habillé drôlement, aujourd’hui !… très koh-kass… on dit, je crois… pourquoi ce petit costioume ?… C’est à vous, cette valise ?…

Je vais me venger, d’un coup, de tout mon émoi. Je vais la foudroyer. Et je lance :

— Non ! c’est à Durin !…

— Durin !… who’s that, Durin ?

— Le dernier valet de chambre de votre mari !

— Aoh ! Achille !

— Il s’appelle Achille ?

— Nous les appelons toujours Achille ! C’est plus commode, oui, vraiment ! Et pourquoi vous apportez la valise d’Achille ?

Je la regardai bien en face.

Take off your glasses. Enlevez vos lunettes, je vous prie… Vous avez de si beaux yeux, Lawrence !…

Je croyais la troubler, c’est moi qui ne sais plus où me mettre. Je me recule un peu, mais c’est elle qui m’enlève mes lunettes (encore un moment bien dur à passer !)